Ida KARSKAYA (1905-1990)
Ida Karskaya est née à Bender en Ukraine en 1905. Elle quitte son pays natal en 1922 pour poursuivre des études de médecine en Belgique puis se rend à Paris où elle s’installe définitivement.
Elle commence à peindre en 1930 et fait la rencontre de Soutine avec qui elle lie une amitié très proche jusqu’à la mort du peintre en 1943. Elle et son mari, le peintre Serge Karsky, se réfugient dans l’Hérault pendant l’occupation et c’est la Galerie Favier à Montpellier qui lui organise sa première exposition en 1943. De retour à Paris elle rencontre Jean Paulhan, le critique d’art, qui lui présente les peintres Fautrier et Wols mais aussi les écrivains Francis Ponge, Maurice Nadeau, Marc Bernard et Henri Calet. Sa peinture se tourne petit à petit vers une abstraction qui lui parait de plus en plus évidente, mais nous n’y sommes pas encore tout à fait. Les galeries Pétridès et Breteau exposent son travail à Paris en 1946. Ses oeuvres montrent alors ce qu’Henri Calet appelle « un monde génésiaque, pré humain, qui n’est peuplé que d’êtres à peine formés…».Un univers bien propre à Ida Karskaya qui est clairement un personnage « hors normes ».
Elle a toujours refusé de s’associer aux différents courants artistiques, en vogues ou pas, par peur qu’ils inhibent sa liberté créatrice. Ida Karskaya vivait de la même manière qu’elle peignait, avec force, conviction et indépendance. Son oeuvre, en perpétuelle évolution lui a permis de toucher à tout, le collage, la peinture, le dessin, allant même jusqu’à incorporer des objets dans des peintures en trois dimensions. Comme elle se plaisait à dire, n’ayant jamais pris la vie trop au sérieux, elle a tout pu se permettre. C’est d’ailleurs en 1954 lors d’une exposition baptisée Espana à la Galerie Colette Allendy, inspirée d’un été passé en Espagne avec son fils, qu’Ida Karskaya montre pour la première fois ses collages instinctifs et spontanés où elle utilise toutes sortes de matériaux, allant de la latte de bois à des brins de laine, sans aucune restriction et dans le but d’exploiter au maximum les qualités des différents matériaux.
Les expositions se suivent, en Belgique, en France, elle obtient le prix de la Ville de Paris en 1955 et multiplie les collages. Elle avoue d’ailleurs « faire des collages quand je fais le ménage » mais continue de créer parallèlement un travail plus médité autour du noir et du blanc, c’est la série des Lettres sans réponse.En 1961 elle entreprend un grand voyage aux Etats-Unis et au Mexique qui redynamiseront complètement son travail. Elle découvre l’espace mais surtout se réconcilie avec la couleur.Elle expose par la suite à New York, à Milan, à Turin, à Londres et participe à de nombreux salons dont les Réalités Nouvelles et Comparaisons. L’abbaye de Beaulieu lui rend hommage en 1972 avec une exposition intitulée « Karskaya, vingt-cinq ans d’inventions ». Elle meurt en 1990 à Paris après avoir mené une vie véritablement unique.